Outlooks   [1 - in - 1]

recycle art

Inside outlook
acrylics on canvas, window frame, 58 x 140 cm, 2008

Du confinement au monde de demain « Cette belle espérance, qui consiste à croire sans preuve, à adorer ce qu’on ignore et à attendre avec ferveur ce qu’on ne sait pas du tout », pour citer Flaubert. S’agit-il donc d’imaginer un avenir meilleur et y croire? Depuis que l’homme s’est auto-proclamé maître de la planète Terre, le monde animal a subi des exploitations de tout genre en les privant de leur espace: ils ont été encerclés, repoussés, chassés, abattus, confinés… Ce constat a été une de mes préoccupations majeures en tant qu’artiste depuis bientôt 30 ans. Et puis, en l’espace de quelques semaines la situation s’est en quelque sorte inversée.
Il a fallu appuyer sur le bouton STOP. S’agit-il d’une parenthèse? J’ose espérer que l’on ne va pas juste rembobiner pour reprendre nos actions inacceptables, mais qu’au contraire on recommencera autrement avec plus de respect et une conscience agrandie de l’autre au sens large du terme. Dans mon travail j’ai accordé peu de place au genre humain, mais beaucoup de place à ses agissements et impacts face à l’animal et à la biodiversité. L’enfermement a été pour moi un thème récurrent. J’ai visité de nombreux zoos pour observer et être témoin de conditions de confinement de longue durée. Certes, au fil des années, la situation s’est améliorée, mais le principe reste le même. Les animaux sont privés de liberté et de leur habitat naturel. Oui. On se nourrit du vivant pour vivre. Ayant grandie dans une ferme, je sais que le respect du vivant n’est pas incompatible avec sa consommation si cela est fait avec discernement. Dans ma série intitulée Outlook j’ai interrogé les regards portés et croisés entre les espèces et les espaces. Ne sommes-nous pas également enfermés dans un système – économique et social – dans lequel on se croit libre ? J’interroge les dichotomies dedans/dehors; libre/enfermé…sans pour autant prétendre apporter des réponses. Peu à peu, j'ai renversé les rôles en m’imaginant un monde où les animaux prennent eux-mêmes leur destin «en main», ne comptant pas sur l’homme pour s’en sortir. Mais si l’homme sortira seul de son propre confinement, en revanche, il ne s’en sortira pas, par ailleurs, tout seul. La liberté est essentielle pour tout être vivant et il me semble que c’est uniquement par le respect des espèces et des espaces que nous pourrons continuer à faire du chemin ensemble… Misons sur l’espérance d’un juste milieu.
(extrait)

Oddbjørg REINTON, 5 avril 2020

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